"Comme un pavé dans le lac, la nouvelle est tombée,
Dijon aura son tram dans trois ou quatre années,
Certains sont très inquiets, qui va payer tout ça ?
Il est fou, ce projet, les bus ne suffisent pas ?
D'autres disent 'pourquoi pas, si ça relance la ville,
Ça créera des emplois, c'est sûr, je te le donne en mille'".

"Comme un pavé dans le lac, la nouvelle est tombée ..." de l'expression "lancer un pavé dans la mare". L'expression résume à elle seule la vague de contestation qui a mis en péril la quiétude de la ville, à l'annonce du projet.
"Le lac", plus indiqué que la mare, pour Dijon, n'est pas sans rappeler le tollé qu'avait provoqué l'annonce de sa réalisation par le Chanoine Kir !
Quant au "pavé", avec sa connotation soixanthuitarde, ce mot colle assez bien avec la levée de boucliers qui a suivi ladite nouvelle.
Les vers suivants ne font que développer l'idée que les avis des Dijonnais étaient très partagés.


"Tout le long du tracé, fleurissent les barrières roses,
La gêne occasionnée vous rend pourtant morose
Mais ce n'est qu'un début, ce chantier, c'est galère,
Sans parler du raffut qui vous tape sur les nerfs,
Jusqu'au jour où surgit la belle rame couleur Kir
Dijon, tout ébahi, retrouve le sourire".

Le 2ème couplet joue sur les contrastes.
Toutes ces  barrières roses, comme autant de fleurs propices au rêve, perdent bien vite leur parfum, au fur et à mesure qu'on s'enfonce dans la nuisance des travaux, la simple gêne du début frôlant peu à peu la crise de nerfs...
Dans le texte, on a une accumulation de sonorités où tintent, en filigrane, des mots bien peu  propres et odorants : "chantier... galère... raffut...nerfs" (Je vous laisse les trouver.)
La fin du couplet, véritable coup de théâtre,  est en opposition totale avec ce qui précède.  Les sonorités qui semblent clamer la jouissance du jour J avec cette accumulation de "j" ("Jusqu'au jour où surgit") s'épurent soudain complétement.
"la belle rame couleur Kir ... ébahi" pour ne laisser entendre qu'une sorte de "Ah oui !" de plaisir... Cette idée de plaisir est encore renforcée par l'évocation du Kir typiquement dijonnais (décidément, l'ombre du Chanoine se promène encore par là !) et de toute façon, le mot "cassis", à la sonorité ingrate, avec tous ses "s" qui sifflent, a été volontairement évité dans ce passage limpide. 
A la fin du couplet, la personnification de la ville annonce déjà le 3ème couplet qui va pousser très loin cet effet.

 

 

"On prépare un hommage mais le lac est jaloux,
Lui qui a pourtant sa plage, ce tram, ça le rend fou,
La chouette est contrariée, tous ne parlent que de lui,
Sans même la caresser, courent le voir, place Darcy,
Du haut de son clocher, et même s'il en a vu,
Le Jacquemart est bouche bée devant cet inconnu".

Le 3ème couplet, qui met à l'honneur trois curiosités de la ville de Dijon, parmi les plus prisées (le lac, la chouette et le Jacquemart) vient estampiller la chanson.
C'est, après la houle des deux premiers couplets, une parenthèse poétique laissant libre cours à l'imaginaire. 
Mais pas d'accalmie pour autant, puisque, à l'image d'une fratrie confrontée à l'arrivée d'un nouveau-né, voilà nos trois protagonistes, habituellement placides, se soulever à leur tour !
Je me suis bien amusée à écrire ces quelques vers et je ressens une certaine émotion à les chanter.
L'évocation du patrimoine nous sensibilise, sans doute, à l'idée que nous sommes les heureux témoins d'une étape importante de l'histoire de la ville.


"La place de la République a enfin sa fontaine,
Le décor est magique et l'atmosphère sereine,
La rue de la Liberté rendue à ses piétons,
C'est la tranquillité quelque soit la saison,
Deux mille arbres plantés et moins de circulation,
La ville va respirer, merci pour nos poumons".

Dans le 4ème couplet, la ville se métamorphose.
Ces vers évoquent quelques-uns des nombreux changements qui ont accompagné l'arrivée du tram, dans le but d'améliorer la qualité de vie des Dijonnais.
Paradoxalement, alors que j'écris ces deux trois lignes, les habitants viennent de vivre une semaine de rentrée particulièrement douloureuse et le "moins de circulation" fait seulement sourire les plus optimistes ;-(
Et oui ! Après que le kir royal ait coulé à flots dans l'euphorie de la naissance, baby blues et nuits difficiles s'abattent sur les pauvres parents. Le bébé, lui, se porte comme un charme.
Il faut du temps au temps, le calme reviendra. Une  période d'adaptation n'est jamais facile. Alors patience ! Les Dijonnais  l'ont méritée, et ils finiront par l'avoir, leur nouvelle quallité de vie ;-)

 

 

 

"En matière de confort et de sécurité, 
Sûr qu'ils ont fait très fort, tout a été pensé,
Fini le ticket papier, place à la billettique,
Sors ta clé USB, tu verras, c'est pratique !
Monsieur le Maire est content, toute la ville est en liesse,
Faut dire qu'un tel changement, ça tient de la prouesse".

Les deux premiers vers évoquent l'important travail réalisé en amont, comme par exemple, toutes les formations développées auprès des personnels ayant une responsabilité dans le nouveau réseau bus-tram.

Ensuite, il est question d'une billettique complètement transformée, avec cette possibilité très attractive de recharger soi-même la carte à la maison, au moyen de sa clé USB.
Là encore, les premières semaines s'avèrent difficiles. Les usagers sont contraints à des files d'attente interminables pour obtenir leur titre de transport initial.
La mise en place du système, particulièrement innovant, nécessite forcément une période d'adaptation.
Notre Cité des Ducs  rivalise désormais avec les plus grandes capitales sur le plan du modernisme, tout en restant la ville de province à taille humaine, agréable à vivre, avec ses bonnes vieilles traditions.
Tiens, si on lui faisait un ban bourguignon ?  Elle le mérite bien, non ?